Le bonheur, ça s'apprend

Publié le par Josyphilo

Le cerveau est en permanence remanié, " pétri " par les interactions affectives, les rencontres, les évènements de notre vie, même notre environnement culturel. Cette notion de plasticité cérébrale est la grande découverte des 15 dernières années.

Le cerveau est constamment en travaux...

 Avec des phases plus ou moins sensibles. Avant quatre ans, c'est un véritable bouillonnement. la moindre information qui parvient au cerveau est aussitôt " circuitée " ( " frayée ", disait Freud), créant une sensibilité préférentielle, une propension à réagir d'une manière donnée. Au moment de l'adolescence, la plasticité cérébrale est également très grande. Et, tout au long de la vie, le bonheur, ça s'apprend.

Propos de Boris Cyrulnik, sur le site " Le bonheur, ça s'apprend ! "

Le bien-être, ce n'est pas le bonheur.

Boris Cyrulnik cite une fable de Charles Péguy, la fable du casseur de cailloux.

Charles Péguy va en pélerinage à Chartres. Il voit un type fatigué, suant, qui casse des cailloux. Il s'approche de lui : "Qu'est-ce que vous faites, monsieur ? - Vous voyez bien, je casse les cailloux, c'est dur, j'ai mal au dos, j'ai soif, j'ai chaud. Je fais un sous-métier, je suis un sous-homme." Il continue et voit plus loin un autre homme qui casse les cailloux; lui n'a pas l'air mal. "Monsieur, qu'est-ce que vous faites? - Eh bien, je gagne ma vie. Je casse des cailloux, je n'ai pas trouvé d'autre métier pour nourrir ma famille, je suis bien content d'avoir celui-là." Péguy poursuit son chemin et s'approche d'un troisième casseur de cailloux, qui est souriant, radieux : "Moi, monsieur, dit-il, je bâtis une cathédrale." Le fait est le même, l'attribution du sens au fait est totalement différente. Et cette attribution du sens vient de notre propre histoire et de notre contexte social. Quand on a une cathédrale dans la tête, on ne casse pas les cailloux de la même manière.

Le bien-être, c'est l'immédiat, la perception : je mange bien, je me sens bien, je n'ai pas faim, je n'ai pas peur.

Le bonheur, lui, n'existe que dans la représentation, c'est toujours le fruit d'une élaboration. On doit le travailler. C'est dans un autre lieu, dans un autre temps, c'est presque une utopie.

Le bonheur n'est pas un objet qu'on peut attraper : il se construit dans le temps et dans l'échange.

Boris Cyrulnik : " Dans le partage. L'échange, c'est un terme commercial. Le partage, c'est un terme créateur : on va faire ensemble un enfant, on va partager les plaisirs et les soucis, on va faire ensemble une maison. L'échange, c'est un plaisir immédiat. Le partage, c'est vivre ensemble dans ce qu'on a créé. Il exige la rencontre entre deux mondes mentaux, donc le conflit, qui est créateur."

" On n'est pas heureux seul parce qu'on ne peut rien développer seul. Les petits Roumains qu'on a vus à la télé, ils étaient sains : cerveau sain, biologie saine. Ils ne savaient pas parler, ils faisaient sous eux, parce qu'ils n'avaient pas connu l'altérité. L'homme est une espèce vivante constituée pour l'altérité. Je ne peux devenir moi-même que s'il y a un autre. Même la bipédie n'est possible que s'il y a un groupe : c'est un facteur culturel. Beaucoup d'enfants abandonnés marchent à quatre pattes. Et quand la parole apparaît, on crée des mondes intersubjectifs, des constructions de représentations verbales aux combinaisons infinies."

Le bonheur, ça s'apprend. Tout au long de la vie. Ce n'est pas un objet qu'on peut attraper. C'est le résultat d'une élaboration mentale, proprement humaine, d'une construction qui s'élabore dans le partage avec autrui.

 

Pour poursuivre sur ce thème, on peut lire la page "bonheur" du site issu de ce blog à l'adresse http:/www.jophilo.fr

 

Publié dans éducation

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